Api {dot} art
Nous avons eu la chance de pouvoir participer le temps d’un weekend à un un atelier collaboratif de création numérique, dans le cadre de l’ouverture au public de la base de données A.P.I. de la Réunion des Musées Nationaux-Grand-Palais. Cet atelier a rassemblé au sein de l’institut culturel Google de Paris une trentaine de designers, codeurs et artistes afin de penser à des usages possibles de l’A.P.I.
Cette collaboration a permis de croiser les compétences et les médias afin d’arriver à une réalisation mêlant algorithmes, formes virtuelles et tangibles prenant appui sur les données de l’A.P.I.
Notre projet Data<morphose> est emprunté aux « métamorphoses » d’André Malraux, concept développé dans l’ouvrage Le musée Imaginaire paru en 1947. Dans ce dernier, l’homme visionnaire
et amoureux de l’art, questionne l’œuvre et interroge sa place au sein du musée. Pour Malraux l’œuvre qui est extraite de son contexte de création pour rentrer dans un musée, perd sa fonction pratique ou idéologique, elle est désincarnée.
Dans notre cas l’inclusion des œuvres dans cette base de données numériques a, quelque part, réduit les figures de l’œuvre à une suite de 0 et de 1. L’œuvre n’est identifiée que par les données qui la composent, telle la taille, le style, l’époque, les couleurs dominantes…
Nous avons voulu matérialiser la désincarnation ultime de chaque œuvre présente cette base de données. En paramétrant les données factuelles de chaque œuvre, associées à un algorithme qui
en génère les formes, nous avons laissé la machine numérique matérialiser ces Data<morphose>.
Et composer ce qui pourrait être le paysage désincarné de l’histoire de l’art.
La vision exhaustive de l’ensemble des 500 000 œuvres du catalogue des RMN-GP dans une même pièce, en prenant appui uniquement sur des données factuelles, démontre qu’en démocratisant l’accès à une culture coupée du contexte culturel et temporel de l’œuvre on rentre dans une culture de dialogue. Malgré l’apport du numérique, Data<morphose> témoigne que la facilité de réplication
d’une œuvre ne rend pas obsolète la médiation des Hommes face à des œuvres immortelles.